
Poème audio

Poème écrit
» septembre
J’ai rêvé d’une clairière.
D’une orée où souffle la corne, où la corne aspire.
J’ai rêvé d’une aube au fond d’un lac :
une clairière,
d’un crépuscule dont je serais sertie,
sirène grenue
ou bien noyée.
J’ai rêvé d’une clairière où j’aurais poussé,
plantule, arbrisseau puis robinier,
d’un lac aux rives duquel,
pâle débarquement,
aux berges duquel paissent des hérons blancs.
Je crois,
au matin je crois
pouvoir renaître en surface, en clairière, au grand-jour.
Lente est ma croissance
dans la morsure des biches, dans le matin bref,
souplesse de la corne des biches,
et dans le souffle brisé des vents
de l’isthme,
et dans les dessous où s’imitent,
parfaits, ocres,
les cieux d’orage inversés, on voit
le reste de moi,
ce qui s’effile : racine
ce qui boursouffle : pouls
le reste de moi : voûté d’ombre.«
