CANT – Feuilleton poétique d’un itinéraire temporel par luvan.

Entrez dans l’univers poétique envoutant de luvan !

luvan

luvan est avant tout autrice. Son travail s’axe sur l’élaboration de lieux imaginaires complexes, à la fois utopiques et dystopiques, lui permettant de commenter et d’anticiper l’actualité.

Passionnée par le son et les matières orales traditionnelles, luvan écrit également des pièces de théâtre, pratique la performance et réalise des créations radiophoniques et développe une écriture poétique.

Son site web : https://www.luvan.org/

Découvrez dès à présent son univers poétique !

Luvan

©Patrick Cockpit

Articles

Présentation de CANT

« Cant est une réflexion sur le Nature Writing. Comment écrire notre milieu. Se décentrer risque d’ôter l’affect.

Or l’expérience de son milieu, tout comme son appréhension par la connaissance – scientifique, spirituelle ou pragmatique – repose précisément sur l’affect. Se placer au centre du récit risque à l’inverse de raconter une prédation.

Pour Cant – le feuilleton, j’ai établi un protocole poétique, proche d’une expérience scientifique, consistant en plusieurs phases successives d’interprétation. »

Chaque mois, le feuilleton est constitué de :

– la planche mensuelle (en haut de l’article)
– le dessin mensuel (sur le coté gauche de l’article)
– le son mensuel
– le poème mensuel, en format texte

Protocole poétique

« Trace à interpréter : motifs dessinés par les insectes xylophages.

1- Interpréter par mes perceptions humaines une trace animale et végétale (œil).

Cette trace interprète elle-même plusieurs gestes : la progression des insectes sous l’écorce, mais également la manière dont le bois capte le suc, déplace sa sève, croît (la croissance est un mouvement).

Même si je perçois les troncs, branches et écorces avec tous mes sens, j’ai choisi, pour ce protocole, d’en conserver uniquement une trace visuelle. Pour ne pas déranger le milieu, je n’ai pas déplacé les objets. Par respect pour les insectes, je ne les ai pas même soulevés pour les photographier.

Output : Photos

2- Interprétrer cette photographie par une impression (outil)

Imprimer sommairement la photo m’a permis de simplifier une deuxième fois la trace.

Output : Prints

3- Interpréter cette impression par un dessin (main)

En dessinant l’impression, j’interprète les gestes des insectes et de l’arbre par un geste très humain : le trait à main levé.

Output : Planches

4- Interpréter ce dessin par un texte en écriture automatique (main)

Une fois ma main comme « possédée » par les gestes des insectes et de l’arbre, je la pose, sans transition, sur une autre feuille et continue, prolonge mon geste par un acte d’écriture automatique. Comme la pointe d’un électrocardiographe est possédé par le mouvement du cœur, mon stylo est possédé par l’alliance insectes-bois. Elle me lie à elle, triple alliance.

Output : Planches

5- Interpréter ce geste inconscient par un poème conscient (cerveau)

Cette interprétation se découpe en deux étapes cognitives :

A- Je regarde le dessin, le cache puis le reproduis de mémoire à même le texte automatique, à l’aveugle. Je copie les mots par lesquels passe le gribouillis (à l’exception des pronoms, articles et conjonctions).

B- Je compose un poème autour de ses mots (je me réserve le droit de transformer les formes verbales en formes substantivées ou adverbiales, de changer les accords et les conjugaisons).

Protocole complémentaire :

– J’ai décidé arbitrairement de commencer ces poèmes par « Je rêve » car c’est à mon sens une bonne manière de faire cohabiter une grande liberté d’interprétation et une attention au détail et à la description au lieu de l’abstraction.

Output : Xylopoésies  »
luvan

** Output : anglicisme désignant ce qui est produit, le résultat.